La neuroscience de la corruption: Comprendre les processus de pensée des criminels dans la crise politique haïtienne

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La neuroscience de la corruption: Comprendre les processus de pensée des criminels dans la crise politique haïtienne

Le neuroscience ode la corruption
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Par Marc André Jean, Baccalauréat en Sciences Infirmières et Thérapeute Respiratoire Agréé., Rédacteur en chef de Clarity Times

 

Comprendre le cerveau et les processus de pensée des criminels implique des facteurs complexes, y compris des traits psychologiques, des déficiences neurologiques et des influences environnementales. Les recherches en neuro-criminologie ont identifié des anomalies dans des structures cérébrales telles que l’amygdale et le cortex préfrontal, associées à la prise de décision, au contrôle des impulsions et à l’empathie. De façon spécifique, une activité réduite dans ces régions cérébrales peut entraîner un jugement altéré et une capacité diminuée à prévoir les conséquences, ce qui peut expliquer pourquoi certains criminels semblent indifférents aux risques de se faire attraper.

Dans une étude de Raine et al. (2011), des IRM fonctionnelles de délinquants violents ont révélé des différences significatives dans l’activité cérébrale, en particulier dans les zones liées à la prise de décision morale. Les psychopathes présentent souvent une connectivité plus faible entre l’amygdale, qui régule les émotions, et le cortex préfrontal, responsable de la pensée rationnelle. Cette déconnexion neurologique serait à la base du manque de préoccupation dont de nombreux criminels font montre à l’égard des conséquences potentielles de leurs actions. De plus, des traits de personnalité comme l’impulsivité, caractéristique très presente chez de nombreux profils criminels, sont souvent liés à des différences structurelles du cerveau. La recherche a démontré que les individus ayant un comportement antisocial peuvent privilégier des récompenses immédiates au détriment de conséquences à long terme en raison de systèmes de dopamine dérégulés, conduisant à une mauvaise prise de décision (Glenn & Raine, 2014).

Corrélation entre neurosciences et corruption en Haïti.
Lorsque ces résultats sont appliqués à des événements réels, par exemple la corruption politique en Haïti, une corrélation devient évidente. L’inculpation de trois conseillers du conseil présidentiel transitoire d’Haïti, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, pour corruption reflète les mêmes défauts de prise de décision. Ces individus, similaires aux criminels étudiés dans la recherche neuro-criminologique, ont peut-être mis l’accent sur un gain personnel à court terme plutôt que sur les retombées à long terme pour la nation, la société ou eux-mêmes.

Comprendre ces schémas peut fournir des informations sur la prévention de la corruption individuelle et institutionnelle. En abordant les facteurs neurologiques et psychologiques qui sous-tendent le comportement criminel, les décideurs politiques pourraient être en mesure de développer des stratégies pour une prévention plus efficace de la criminalité et une gouvernance éthique.

Implications pour les politiques et la prévention
Pour mieux comprendre et aborder les échecs sociétaux et éthiques observés dans le paysage politique d’Haïti, comme la récente inculpation de trois des neuf conseillers présidentiels, il est essentiel d’explorer à la fois les mécanismes psychologiques derrière le comportement non éthique et les interventions possibles. Les premières recherches sur l’éthique se concentraient principalement sur des principes philosophiques, mais des données récentes issues des recherches sur l’éthique comportementale mettent en lumière les processus inconscients qui entraînent souvent des actions non éthiques. Des études comportementales, comme celles examinées dans l’article de Social Justice Research, révèlent que les échecs éthiques ne sont pas toujours intentionnels, mais peuvent découler de biais cognitifs automatiques tels que le favoritisme de groupe, la surestimation des mérites ou l’égocentrisme, qui déforment le jugement inconscient.

Stratégies pour atténuer la corruption
Dans le cas d’Haïti, lutter contre cette gangrene pourrait nécessiter plus que des mesures punitives ; cette lute requerrait aussi une campagne d’éducation et de sensibilization axée sur la reconnaissance et l’atténuation de ces biais inconscients. Renforcer les institutions pour promouvoir la transparence et la responsabilité pourrait également aider à diminuer la prévalence de la corruption. Les interventions sociales, dont la formation éthique bien soutenue par la recherche comportementale, peuvent favoriser des environnements où la prise de décision éthique devient plus ancrée.

Ces données révèlent que la lutte contre la corruption et le comportement non éthique, tant en politique que dans la société, nécessitera une approche multifacette – une approche qui reconnaît les racines psychologiques des décisions non éthiques et intègre des stratégies pour réduire leur impact. Des programmes de développement éthique, la réforme des structures d’incitation et la réduction des conflits d’intérêts peuvent créer des environnements qui favorisent la transparence et la confiance, elements essentiels pour le progrès sociétal.

Références

  1. Bazerman, M. H., & Banaji, M. R. (2004). The social psychology of ordinary ethical failures. Social Justice Research, 17(2), 111-115.
  2. Bazerman, M., & Chugh, D. (2003). Bounded ethicality as a psychological barrier to recognizing conflicts of interest. Harvard Business Review, 81, 56-64.
  3. Banaji, M. R., & Bhaskar, R. (2000). Implicit stereotypes and memory: The bounded rationality of social beliefs. In Schacter, D. L., & Scarry, E. (Eds.), Memory, Brain, and Belief (pp. 139-175). Cambridge, MA: Harvard University Press.
  4. Raine, A., & Yang, Y. (2011). Neural foundations to moral reasoning and antisocial behavior. Social Cognitive and Affective Neuroscience, 6(2), 128-136. https://doi.org/10.1093/scan/nsq102
  5. Glenn, A. L., & Raine, A. (2014). Neurocriminology: Implications for the punishment, prediction, and prevention of criminal behavior. Nature Reviews Neuroscience, 15(1), 54-63. https://doi.org/10.1038/nrn3640
  6. Freedom House. (2023). Haiti: Transitional government and corruption. https://freedomhouse.org/country/haiti

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